
L'Évangile de ce troisième dimanche de Carême aborde frontalement l'énigme du mal. "Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter ça ?". C’est le genre de question que les croyants peuvent se poser : "Si Dieu existe, pourquoi laisse-t-il le malheur s'abattre sur nous ?" On en parle avec le pasteur Antoine Nouis.
À ce moment, des gens qui se trouvaient là rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient.
Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. »
Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?” Mais le vigneron lui répondit : “Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” »
Source : AELF
Dans l'évangile du troisième dimanche de Carême, des personnes interrogent Jésus sur la question du mal. Ceux qui sont victimes d’accident, de massacre ou de maladie sont-ils plus coupables que les autres ? La réponse peut sembler évidente, bien sûr que non ! Et pourtant, "c'est la vieille question qui traverse l'humanité depuis qu'elle existe", observe Antoine Nouis, pasteur, théologien et écrivain auteur de La Bible, commentaire intégral verset par verset en six tomes (éd. Olivétan / Salvator, 2021-2024). Le mal est une énigme : c’est ce que l’évangile de Luc aborde ici frontalement.
Jésus est interrogé au sujet de l'affaire des Galiléens. Un "fait divers" pour Antoine Nouis, qui rappelle que les Galiléens étaient, pour les gens de Jérusalem, "des gens un peu suspects". Ils ont offert eux-mêmes des sacrifices alors que cette tâche était semble-t-il réservée aux prêtres, hormis le jour de la Pâque.
L'affaire des Galiléens, c'est l'histoire d'un massacre où le sang des sacrificants a été mêlé au sang des animaux sacrifiés. "On sait que dans le sacrifice, la manipulation du sang est toujours quelque chose de très délicat, précise Antoine Nouis. C'est le sang qui apporte l'expiation, qui est l'offrande, mais il faut le manier très délicatement car le sang c'est aussi le symbole de la mort, de l'ordre de l'impur."
Les "gens" ne viennent pas vers Jésus avec une question : c'est Jésus lui-même qui les interroge sur le mal. Ce dernier présuppose même que ses interlocuteurs établissent un lien le mal subi et la faute. Jésus sait à quel point cela est tentant et même profondément humain de vouloir trouver une explication au mal.
"Évidemment ce qui nous rassurerait, c’est qu’il y ait une logique au mal. C’est qu’il y ait une explication, si on sait la logique du mal, on sait l’éviter." Dans ce passage d'évangile affleure l’idée que, quelque part, "ces hommes qui ont été massacrés, on aimerait bien que ce soit un peu de leur faute…"
"Qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu pour mériter ça ?". C'est le genre de pensée qui peut surgir en nous quand nous arrive le malheur. Se demander si l’épreuve est une punition de Dieu"est spécifiquement une question du croyant", convient Antoine Nouis. "Le croyant qui croit en Dieu se dit, 'Où est Dieu dans cette horreur, dans cette traversée du mal ?'"
Finalement, on serait même tenter de croire en Dieu pour trouver une explication au mal. Justement, Jésus vient d’emblée contredire cette position. Son propos est d'abord de poser un constat : le mal existe. Ensuite, il affirme que si le mal existe, alors"il faut se convertir pour résister au mal" et "pour changer cette articulation entre la faute et le mal".
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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