Comment fêter Noël ? Pour beaucoup c'est en famille, après la messe de minuit, autour d'un bon repas avec des cadeaux sous le sapin. Pour d'autre, c'est en participant à un réveillon solidaire avec une association de quartier. Fêter Noël, c'est avant tout célébrer la rencontre avec l'autre et aussi avec Dieu.
Dans l’Antiquité, les dieux des civilisations grecque et romaine inspiraient plutôt la peur. Pour les honorer, prévenir leur courroux ou se garantir leur protection, on sacrifiait des animaux. Le Dieu auquel croient les chrétiens est le strict opposé. Non seulement il ne demande aucun sacrifice puisque c’est lui qui a payé la dette en mourant sur la croix. Mais c’est aussi un Dieu qui vient parmi les êtres humains, à notre rencontre. C’est ce mystère de la rencontre avec Dieu que l’on fête à Noël.
"La question de la rencontre est déterminante, c’est dans la rencontre que nous trouvons les points d’appui pour construire quelque chose ensemble", explique le Père Bruno-Marie Duffé. Prêtre du diocèse de Lyon, il est l’ancien secrétaire général du dicastère pour le Service du développement humain intégral. Un ministère qu’il a contribué à mettre en place de 2017 à 2021. Un service à la croisée des grands défis du monde contemporain : de la santé à l’action humanitaire d’urgence, à la protection des migrants et les questions environnementales. Tout l’enjeu étant de favoriser la solidarité et la rencontre entre pays, communautés, Églises…
La rencontre, c’est un mot clé pour bâtir un monde plus juste. Et pour comprendre le sens de Noël. Puisque l’on célèbre la naissance de Jésus, l’Emmanuel. "C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous)." (Is 7, 14) Noël, c’est "Dieu qui vient à la rencontre de l’humanité".
Ce qui se joue dans cette rencontre entre l’humain et Dieu est décisif. "Le pape François avait coutume de dire : « La rencontre ce n’est pas devenir comme l’autre mais devenir soi-même grâce à l’autre »", rapporte Bruno-Marie Duffé. "Nous ne sommes pas une religion de rites, de ritualité, de peur ou d’inquiétude. Nous sommes une religion qui, comme son nom l’indique, relie un Dieu qui vient à nous, qui vient nous tendre la main."
Dans les Évangiles, Jésus ne cesse de rencontrer ses contemporains. Comme le dit le Père Duffé, "tout l’évangile est une célébration de la rencontre : que l’on soit avec Nicodème dans la nuit, avec la Samaritaine au bord du puits de Jacob, avec la femme adultère ou l’aveugle Bartimée qui crie pour que Jésus s’approche de lui…" Pourquoi une telle insistance sur les rencontres ? Ce qui est valorisé dans l’Évangile, c’est "l’expérience d’une proximité : le Christ se fait le proche".
Toute la Bible, le Premier comme le Nouveau Testament, raconte l’histoire d’un Dieu qui vient à la rencontre de l’humanité. Pour Bruno-Marie Duffé la création peut être lue à travers ce prisme de la rencontre puisque Dieu insuffle la vie. "Le Dieu créateur est celui qui vient à la rencontre des vivants. Plus encore, il se fait rencontre pour que nous devenions des vivants." Dans le Livre de l’Exode, il se révèle au mont Sinaï et fait alliance avec Moïse et le peuple hébreu. Et tout au long de la Bible, il dira à son peuple : "Je ne t’ai pas abandonné", analyse le Père Duffé.
La foi chrétienne, sans cesse inspirée par la Bible et la tradition d’interprétation des textes, n’est autre qu’une "histoire d’alliance, de rencontre, de découverte mutuelle" entre l’Homme et Dieu. C’est ce que les chrétiens affirment quand ils récitent leur confession de foi : il est venu, il vient, il viendra.
La rencontre, quand elle est réussie, quand elle s’accomplit, quand elle nous touche, elle active en nous ce qui est proprement humain
Il n’y a rien de plus incertain que de rencontrer quelqu’un. Qui n’a jamais éprouvé de l’appréhension au seuil d’une rencontre ? Peur de l’inconnu, peur de décevoir… "La rencontre, quand elle est réussie, quand elle s’accomplit, quand elle nous touche, elle active en nous ce qui est proprement humain." Le Père Duffé rappelle que "humanité" et "humilité" ont la même racine que l’humus, c’est-à-dire la terre. Il y a quelque chose de très concret que l’on est appelé à vivre à travers une rencontre. "C’est dans la rencontre, dans le fait de se laisser toucher par la présence d’une personne ou de partager avec cette personne quelque chose qui nous est propre, que nous disons notre humanité."
D’ailleurs ne venons-nous pas nous-mêmes d’une rencontre ? Celle d’un homme et d’une femme, que nous rejouons à chaque rencontre de notre vie où nous redécouvrons de quoi nous sommes pétris. Pour Bruno Marie Duffé, "la rencontre est à la fois un face-à-face, quelque chose d’inédit et l’expérience d’une mémoire qui s’actualise. Celui ou celle que nous rencontrons nous fait redécouvrir ce que nous portons en nous-mêmes."
En ce temps de Noël, les chrétiens sont invités à méditer sur la rencontre avec l’autre - "l’autre" et "l’Autre" (avec un grand A), c’est-à-dire son voisin ou bien le Christ. "Dans la parabole du Samaritain, Jésus est le Samaritain, nous dit le Père Duffé, il est celui qui se fait le proche pour nous apprendre à devenir proche." Fêter Noël c’est célébrer la rencontre, qui "suppose un tout petit peu de suspension du temps, un tout petit peu de patience, d’écoute et de disponibilité". D’ailleurs Maurice Bellet disait de l’écoute qu’elle est "hospitalité intérieure".
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