Au risque de la Parole RCF - page 11

Rappel important : la double parabole des vignerons homicides et de la pierre d'angle. Nous sommes ici au coeur de l'accusation que l'on va porter contre Jésus. Il y aura plusieurs vagues accusatrices successives. Celle qui nous occupe aujourd'hui c'est la question sur l'impôt dû à César. Remarquable question, un piège parfait dans l'axe de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. C'est le serpent qui fait croire que Dieu pourrait connaître le bien et le mal. Jésus en tout cas n'entre pas là-dedans.

Il y a une continuité entre la fin du chapitre 3 et le début du chapitre 4. Juste après le baptême de Jésus par Jean Baptiste, l'Esprit pousse Jésus au désert pour - nous soulignons le "pour"- y être tenté (au verset 1 du chapitre 4) Ce verset est énigmatique. C'est sans doute l'épreuve qualifiante qui se poursuit. Avant de détailler les tentations, Soeur Marie Raphaël compare les trois synoptiques Marc, Luc et Matthieu. Regard panoramique pour souligner les caractéristiques de chacun, ce qui correspond à un projet théologique différent dans le chef des trois évangélistes.

Au début du chapitre 12 de St Marc il y a une double parabole. La parabole des vignerons homicides suit une logique toute humaine de violence. Par contre la parabole de la pierre rejetée des bâtisseurs qui devient la pierre d'angle fait basculer l'ensemble. Dieu est en dehors de la violence. C'est bien là le coeur de la révélation - la révélation change la cohérence de l'ancien monde. Nous ne pouvons pas entrer dans la révélation si nous ne prions pas d'être délivrés de la part accusatrice de nous-mêmes. La violence ne peut être décodée que si nous acceptons d'être traversés par elle. La pierre rejetée des bâtrisseurs devient la pierre d'angle : c'est la construction d'un nouveau "nous". Tout ceci est le coeur de l'accusation qui est portée contre Jésus.

Ce baptême est une investiture : Jésus est à la fois roi et serviteur. C'est le sens de la citation de Isaïe 42, 1. Par ailleurs le verset 17 contient le mot "joie". "Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve toute ma joie." Le détour par quelques citations de St Paul éclaire le choix de ce mot. Jésus prend conscience de qui il est, de sa filiation divine et de sa mission. Ce baptême est le début de ce que les linguistes appelleraient une épreuve qualifiante. Sa personne prend ici une envergure de héros. L'épreuve des tentations au chapitre 4 achèvera cette épreuve qualifiante.

En vertu de quelle autorité fais-tu cela ? La question est posée par les autorités alertées par l'épisode des marchands du Temple. Jésus leur propose une question au sujet de Jean-Baptiste. La question est embarassante. Les autorités choisissent de ne pas répondre :" Nous ne savons pas." Jésus alors choisit lui aussi de ne pas répondre.

Après la présentation de Jean Baptiste, personnage haut en couleurs, mais personnage cohérent avec son message puisque lui-même est prêt au changement de regard, prêt à la conversion... En fait le Messie qui se présente n'est pas conforme à celui qu'il attend. Toujours l'inattendu de la Vie... Alors paraît Jésus. Le récit comporte deux parties : un dialogue plein de surprises pour une lecture attentive et puis le baptême proprement dit très marqué par les symboles de la descente (dans l'eau menaçante) et la remontée. Cet épisode est déjà pascal.

La fin de l'épisode des marchands du Temple et du figuier stérile : deux mots-clés : la prière et le pardon de l'homme debout. Tout cela pour constituer un nouveau "nous" avec des connotations sociales et politiques. Puis, dans une atmosphère de plus en plus tendue, l'entrevue de Jésus avec les autorités du Temple : "En vertu du quelle autorité fais-tu cela ?" Jésus a mis en question une institution centrale. Jésus leur propose une sorte de donnant-donnant. C'est un peu étrange dans ce contexte. Nous y reviendrons. Un mot-clé sera travaillé : l'autorité - bien différente du pouvoir - c'est ce qui fait grandir en humanité.

Au chapitre 3 de St Matthieu versets 7 à 12. Jean Baptiste, qui est présenté comme un prophète de l'Ancien Testament, prononce de terribles invectives, des paroles de jugement, mais il pressent qu'une autre justice est sur le point de se révéler. Il ne sait pas trop ce qui advient mais il s'ouvre lui aussi à la conversion. Le baptême qu'il annonce sera peut-être tout autre chose que ce qu'il attend. Son discours est curieusement rempli d'indices curieux et parfois contradictoires, signe qu'il vit une mutation majeure. Enfin, il est prêt à se retirer, à se déprendre - à l'instar des grands spirituels. Il est précurseur de Jésus jusque dans sa mort. Un personnage majeur comme l'a bien préssenti toute la tradition chrétienne.

Commentaire approfondi de cette généalogie qui est plutôt une genèse de Jésus. Insistance sur la nombre de générations : 14 qui est le chiffre de David, le roi. Jésus est roi, mais quel roi ? Jésus est aussi fils d'Abraham qui est l'héritier d'une promesse et l'homme de la foi.

Le début du discours après la Cène juste après le départ de Judas. Fin du chapitre 13 et le chapitre 14. Le discours progresse avec les questions des disciples affolés. Pierre-Paul Delvaux souhaite les faire avancer dans la compréhension. Le départ de Judas est indispensable. Pour une nouvelle présence, celle de l'Esprit. Jésus à plusieurs reprises annonce le dépassement de lui-même. Nous devons laisser écarteler notre entendement pour rejoindre Jésus dans sa montée.

L'évangile de Matthieu est à la fois rupture et continuité. Les résonances avec l'AT sont nombreuses et bien connues des auditeurs de l'époque. L'évangile de Matthieu est le premier du NT. En fait c'est le plus cité dans les premiers temps du christianisme. Il est très construit, très didactique.

Ce long discours est considéré par le Père José comme un des sommets de l'évangile de Jean. Il s'étalle sur les chapitres 13 à 17. Il illustre le grand thème de la montée de Jésus vers son Père. Face à ses disciples désemparés Jésus annonce son départ nécessaire pour une nouvelle présence, celle de l'Esprit.

L'évangile de Matthieu a été écrit dans les années 80 donc 10 ans au moins après la destruction du temple en 70. Les Juifs ont perdu là un repère important. Il y a à la fois une reprise en main du judaïsme et peut-être un affadissement de l'élan des chrétiens. Matthieu se situe dans la continuité par rapport à l'Ancien Testament ET dans la rupture.

Soeur Marie-Philippe s'arrête ici sur les derniers versets de la transfiguration au chapitre 9 de St Marc. Jésus recommande de n'en parler à personne. L'évangéliste souligne l'incompréhension des disciples. La transfiguration et la résurrection ont en commun d'être une expérience spirituelle qui échappe aux sens matériels. Avec ces récits l'auteur essaie d'exprimer l'inexprimable. Mais quest-ce en définitive que la résurrection ? Il y a certainement une réponse collective et une réponse individuelle.

Nous terminons cette lecture cursive avec deux émissions sur le prologue. Texte à la fois très musical et théologique. Il était préférable de l'aborder en finale parce que les thèmes s'éclairent dans le foulée : la lumière, les ténèbres, le Verbe, le témoignage de Jean le Baptiste, la gloire, la révélation, la vérité, l'agneau de Dieu qui enlève du coeur de l'homme l'obession et le poids du péché.

Deuxième émission consacrée par Soeur Marie-Philippe au personnage d'Elie qui est présent dans l'épisode de la transfiguration, prophète sans doute mal connu de nos auditeurs.

Le Père José commente le prologue à la lumière de tout ce qu'il a dit depuis le début de cette lecture cursive de St Jean. Nous retrouvons ici un chapitre choral qui devrait/pourrait être chanté.

La scène de la transfiguration au chapitre 9 de St Marc est exceptionnelle dans cet évangile. Ici nous faisons un focus sur Elie, un personnage qui nous est peu connu.

Nous sommes à l'extrème fin de l'évangile de Jean : la belle scène où Jésus redonne à Pierre sa capacité d'aimer. Les verbes en grec sont éloquents. Jésus ajoute "Suis-moi... Toi suis-moi ! Comment recevoir cette parole ?

La transfiguration se trouve quasi au milieu de l'évangile de Marc. C'est une scène unique chez cet évangéliste. Nous la replaçons dans un ensemble de déclarations au sujet de Jésus : la première au baptême s'adresse à Jésus lui-même. A la transfiguration la voix s'adresse aux disciples. Et dans la dernière, au pied de la croix, c'est un centurion romain qui s'adresse au monde.