4 mai 2023
"On est tous sur cette Terre des mendiants de l'amour"
Mes auditeurs se souviennent que j’ai fait un séjour de trois mois chez des amis à Tlemcen. En février, Patrick Bruel y est revenu avec sa maman. Enrico Macias n’a, quant à lui, jamais pu revenir en Algérie qu’il a quitté en 1961, traumestatisme qu’il chante dès 1962 dans Adieu mon pays. Une partie de la classe politique algérienne lui reproche en effet son soutien à Israël. Il est vrai qu’il a par exemple aussi entonné la Hatikva, hymne national israelien. Encore faut-il prêter l’oreille aux paroles suivantes de la chanson Le Grand Pardon de 1971 :
« Abraham a eu deux enfants / Ismaël, Israël / Ils s'aimaient voilà cinq mille ans / D'un amour fraternel / Ils cherchaient du fond de leur âme / À servir l'éternel / Le premier fit naitre l'Islam / Le second Israël
(…)
Il faudra que revienne un jour / Au silence des armes / Les deux frères unis pour toujours / Par l'amour d'Abraham / C'est alors qu'on verra couler / L'eau, le lait et le miel / Qu'ils auront à se partager / Les enfants d'Ismaël / Les enfants d'Israël »
De fait, pour ceux qui sont attentifs à ses textes, il devient ici clair que l’enfant de Constantine a surtout entonné de nombreux hymne à la Paix. Ainsi en 1972, avec les paroles suivantes :
« À La Face De L'humanité / Ils criaient du fond de leurs cœurs / Leurs misères et puis leurs malheurs / C’est pourquoi ils ont déclaré / En leur âme conscience / Au prix de l’existence /
Qu’il fallait que le monde change / Qu’il fallait oublier les anges / Reconnaître à chacun ses droits / Avoir la même loi, / Avoir les mêmes joies. »
Mais qui sont-ils ceux qui ont déclaré qu’il fallait que le monde change ? Enrico y répond d’une certaine façon dans Aimez-vous Les Uns Les Autres en 1977 :
« Un soir dans mon rêve j’ai vu / Moïse, Ismaël et Jésus / Sur un chemin de Galilée / Que je n’ai jamais laissé / Ils allaient de maison en maison / Ils chantaient la même chanson /.
Aimez-vous les uns les autres »
Ce même message, il l’exprime une fois de plus en 1995 dans les paroles suivantes :
« Apprendre à vivre ensemble / D'Israël en Irlande / Tellement on se ressemble /Enfants de toutes les couleurs / Apprendre à vivre ensemble / Ceux qui gagnent, ceux qui demandent /
On a tous il me semble / Même amour même douleur »
Et même si en 1993 il met en musique la prière suivante :
« Dieu de l'espérance / Dieu de liberté / La tolérance / Sur terre est en danger / Écoute ma prière rappelle nous tes lois / Que ta lumière réveille notre foi / Toi qui connais les cœurs et les âmes / Délivre-nous des guerres et des larmes »
Cela ne l’empêche par ailleurs pas d’exprimer sa foi en l’humanité en 1995 :
« Je crois en l'homme jusqu'au bout / Malgré tout ce qu'il a pu faire / Pour sa grandeur, pour sa misère / Oui je crois en l'homme jusqu'au bout / Ils sont des millions à vouloir / Que le bonheur triomphe un soir / La haine ne tuera pas l'amour / C'est écrit au long de notre histoire / Déjà ils viennent de partout / Bâtir un monde d'espérance / Et c'est pour ça que j'ai confiance / Que je crois en l'homme jusqu'au bout / Et c'est pour ça que j'ai confiance / Je veux croire en l'homme jusqu'au bout ».
Mais au fond, il est vrai qu’on ne peut croire en Dieu, si on désespère de l’homme. C’est là, un aspect central du testament spirituel et musical qu’Enrico nous transmettra certainement aussi à Vandoeuvre, dans deux jours, samedi 7 mai au parc des expositions à à 17h00, dans le cadre de son ultime tournée.
« Pour mon « dernier tour », mon fils Jean-Claude a eu l'idée de reconstituer le tempo d'une journée, du lever au coucher du soleil. On démarre avec mes premiers succès dans une ambiance music-hall et on termine par la fête totale, au son des musiques arabo-andalouses », explique Enrico.
Et même s’il n’entamait pas ces paroles de 1980, qui évoquent notre nature et notre destinée communes : « On est tous sur cette Terre des mendiants de l'amour / Qu'on soit pauvre ou milliardaire, on restera toujours les mêmes
(…)
Alors laissez-mo
Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.