Le dernier dimanche de l'année liturgique correspond à la fête du Christ Roi. Le cycle de lecture s'achève sur le thème de la royauté du Christ n'est pas anodin. Saint Jean raconte le moment où Jésus fait face à Ponce Pilate, le gouverneur de la Judée. Il est question de pouvoir, de royauté, de vérité... Dans ce face-à-face, l'évangéliste affirme la royauté spirituelle du Christ.
Évangile du dimanche 24 novembre (Jean 18, 33-37)
Alors Pilate rentra dans le Prétoire ; il appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? »
Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? »
Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »
Source : AELF
Cet extrait se situe à la fin de l'évangile de Jean, qui est un évangile à part, très différent des trois autres. Au chapitre 17, on lit la grande prière que Jésus adresse à son Père. Puis, au chapitre 18, Jésus est arrêté, emmené chez le grand prêtre et ensuite chez Ponce Pilate. C'est ce face-à-face avec le gouverneur de la Judée, représentant de l'autorité romaine d'occupation, qui est lu en ce dimanche, fête du Christ Roi.
Jésus a donc été vendu par Judas au pouvoir religieux. Mais comme cela se passe au moment de la Pâque juive, "le pouvoir religieux ne veut pas avoir une mort sur la conscience et transfère Jésus au pouvoir politique, pour que ce soit le pouvoir politique qui s'occupe de l'accusation", explique Anne Lécu, religieuse dominicaine et médecin en milieu pénitentiaire.
De quoi accuse-t-on Jésus ? Les grands prêtres instaurent une rivalité entre Pilate et Jésus, arguant que ce dernier se prend pour le roi et donc qu'il menace l'autorité du gouverneur. C'est la royauté de Jésus, qui est précisément le motif d'accusation. Même si "pour l'instant, il n'est pas très net, décrit Anne Lécu, si ce n'est que Jésus se prend pour Dieu, dit qu'il est roi. Et donc c'est une forme d'idolâtrie, en fait."
Les Évangiles ont été écrits bien après la mort de Jésus : ce sont des récits historiques et théologiques, rappelle Anne Lécu. "Et c'est chez Jean d'autant plus, plus que chez les autres, un récit théologique." Si donc c'est un récit avant tout théologique, il faut avoir en tête que Jean a pour objectif d'enseigner au lecteur quelque chose de spirituel, de l'ordre de la foi.
Dans sa manière de raconter la Passion du Christ, l'évangéliste présente un Jésus royal. "Ce n'est pas du tout un Messie accablé par l'arrestation, analyse la religieuse. C'est quelqu'un qui règne, qui va parler à Pilate, qui va s'adresser à lui, et qui va finalement être roi à ce moment-là." C'est-à-dire au moment où le Christ est humilié, subit les pires outrages et se trouve crucifié. Le Messie dont il est question n'est donc pas un roi puissant comme on l'aurait imaginé.
"Roi des juifs ça veut dire beaucoup de choses, souligne Anne Lécu, il y a eu des rois dans le peuple juif." On pense à David ou Salomon. Derrière l'image du roi se trouve en filigrane celle du messie. Notion plus complexe qu'il n'y paraît mais qui est toujours synonyme de sauveur.
Pour l'Église catholique, instituer la fête du Christ Roi à la fin de l'année liturgique est riche d'enseignements. Dans le christianisme, la royauté de Jésus n'est pas temporelle, elle est spirituelle et renvoie à l'idée d'humilité et de pauvreté de cœur.
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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