Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
Ce matin je voulais vous parler d’une femme étonnante, libre, à contrecourant des préjugés de son époque, une femme d’une profonde sensibilité, d’une intelligence vivace et d’une autorité spirituelle reconnue, prophète du XIIe siècle : sainte Hildegarde de Bingen...
Vendredi 30 septembre, le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, s’est lancé dans une violence diatribe contre l’Occident, présenté comme l'ennemi à combattre, et même un ennemi littéralement diabolique… Curieux renversement de valeurs, tant sa vision des choses pourrait lui être retournée.
Les Juifs du monde entier célébraient Yom Kippour, cette fête très importante de leur calendrier, qui signifie littéralement “la grande expiation”. Pendant 25 heures, les croyants pratiquent le jeûne et un certain nombre de préceptes. Ils prient pour le pardon, le leur et celui de la communauté. C’est le jour le plus saint, celui de la plus grande proximité avec Dieu...
En décrétant la mobilisation partielle des réservistes russes pour affronter l’Ukraine, Vladimir Poutine a pris un risque politique mais aussi militaire. Politique en premier lieu, car cette décision a provoqué le départ immédiat en exil de dizaines de milliers de jeunes russes, privant un pays en situation démographique déjà précaire d’une main d’œuvre souvent qualifiée. Cette décision a également été accompagnée, en Russie même, de différentes formes de protestations. Des centres d’enrôlement ont été incendiés dans plusieurs régions du pays. Et des manifestations populaires ont été organisées, pas seulement dans quelques grandes villes comme Moscou ou Saint-Pétersbourg, mais aussi dans des régions périphériques, comme le Daghestan, une république du Caucase du Nord.
Adrien Louandre revient sur l'héritage de François d’Assise, dont la fête est ce 4 octobre, en questionnant ce que pourrait être une véritable conversion écologique pour un chrétien.
Le gouvernement va-t-il réparer le très fâcheux oubli qu’il a commis dans la liste des bénéficiaires du bouclier tarifaire sur l’énergie ? On y a mis les entreprises, les administrations, les collectivités territoriales et les centres d’hébergement. On a simplement oublié d’y joindre les banques alimentaires ! Alors qu’elles n’ont jamais été plus utiles, comme tout le secteur caritatif.
Chers amis,
"Je me demande comment les enfants font pour survivre au chagrin." Cette parole du poète Christian Bobin, me hante depuis bien longtemps. J’étais à une soirée de la Ciivise* à Paris. Plus de 17.000 témoignages reçus cette première année de travail de la commission alors qu’elle rendait son rapport d’étape. En face des membres de la commission sur l’inceste, quelque 250 victimes, qui tentent de survivre comme elle peuvent à leur enfance fracassée par un proche.
Les témoignages, héroïques, ouvrant un secret gardé si longtemps, racontent ces enfances abîmées qui deviennent douloureusement des adultes désorientés, aux vies affectives chaotiques et blessées. Des femmes, en larmes, disent n’avoir pas pu donner la vie, par dégoût de leur histoire, par peur d’engendrer des monstres. Des hommes, brisés par l’émotion, ne peuvent ni toucher ni être touchés. Souffrance extrême qui paralyse, atrophie, et ne passe pas. Mémoire à jamais marquée dont les "obus remontent à la surface et explosent", comme l’écrit Patrick Goujon. « Ce n’est pas penser à quelque chose de douloureux qui s’est passé il y a longtemps, c’est l’éprouver aujourd’hui », dit comme en écho le juge Édouard Durand, coprésident de la Commission. Ces effractions de l’intime ont des conséquences longues : troubles alimentaires, addictions, tentative de suicide, crises de panique… Les errances médicales sont nombreuses avant que viennent enfin des mots sur l’origine de ces conduites que la victime ne comprend pas.
Comment, pour de vrai, regarder la réalité en face et agir : le proche, le familier, celui ou celle auquel l’enfant donne sa confiance absolue - car là est une évidence pour lui, peut devenir le plus dangereux. L’adéquation "famille-sécurité" peut se révéler une illusion meurtrière. La vigilance et le soin imposent de défaire, de délier ce nœud de l’idéal qui, pour toutes les victimes d’inceste, induit une double peine. Car comment dénoncer un agresseur que l’on vous a appris à aimer ? Qui, dans son éducation, a entendu qu’il fallait parfois se méfier de son père, son frère, ses grands-parents ou oncles, ou même de sa mère ? Le désarroi est vertigineux et la justice à renouveler de fond en comble.
Écouter les victimes d’inceste, c’est entendre que ce qu’elles comprennent d’elles-mêmes ne va pas de soi, tant la confusion des places, des sentiments a fait son œuvre de destructuration dans la construction de l’enfant. Leur dignité est bouleversante tant leur combat est celui de la vérité - cette vérité qui distingue, différencie, nomme, sépare, pour garantir à nouveau frais des liens vivifiants et libres. "Je suis heureuse de pouvoir me tenir simplement debout devant vous", dit une victime en pleurs. "Je me sens à nouveau digne". N’oublions pas le mot du Livre des Proverbes : "Ne travaille pas au malheur de ton prochain, alors qu’il vit sans méfiance auprès de toi." (Pv 3, 28)
Véronique Margron op.
*Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants
Heureusement que le prix de l’essence baisse un petit peu, parce que les sociétés d’autoroute annoncent pour février prochain une hausse de 8 % aux péages ! En juillet le ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune avait émis le vœu que les prix des péages “n’explosent pas malgré l’inflation” ; eh bien voilà : ils vont exploser. Avec des répercussions dans tous les domaines, sachant que 88 % des transports se font par la route…
Chers amis, peut-on vivre ensemble ? De culture, de religions, d’âge, de milieux socioculturels différents, peut-on non seulement cohabiter mais se reconnaître et aimer la diversité ? Question politique s’il en est, d’art de la cité...
Ce matin je voulais parler de notre belle langue française qui devient, malheureusement, un champ de bataille, à cause de l’écriture dite "inclusive" qui la met en péril mortel, selon l’Académie française elle-même.
Souvenez-vous : il y a presque un an, Jean-Marc Sauvé remettait le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique, qu’il présidait. On garde en tête ce chiffre choc : 330.000 victimes estimées depuis 1950. Et déjà, il y avait un autre chiffre, une autre estimation bien moins commentée à l’époque : 5,5 millions. Oui, 5,5 millions de personnes victimes de violences sexuelles, dans l’ensemble de la société française, avant même leur arrivée à l’âge adulte.
Je voulais vous parler ce matin de la Saint-Barthélemy. Et plus précisément de l’inauguration de ce "jardin mémorial" selon les termes utilisés, qui a été inauguré vendredi dernier devant l'église Saint-Germain-l'Auxerrois. Le lieu bien sûr n’a rien d'anodin car c’est le tocsin de cette église qui lança les massacres. À Paris, 3000 protestants furent assassinés et leurs corps mutilés jetés à la Seine. Ils étaient artisans, relieurs ou menuisiers, bourgeois ou nobles… En France, 10.000 personnes périrent ainsi. Pour le 450ème anniversaire de la Saint-Barthélemy, après la plaque inaugurée sur les quais de Seine en 2016, les Parisiens et les touristes pourront donc s’arrêter, face au Louvre, pour lire ce que fut ce pan de notre histoire. Ce geste, la communauté protestante l’attendait depuis longtemps, c’est chose faite...
C’est une goutte d’essence qui a fait déborder le vase de la colère populaire en Haïti la semaine dernière. Le 11 septembre en effet, le premier ministre par intérim, Ariel Henry a annoncé que l'État n’avait plus les moyens de subventionner les produits pétroliers dont le prix à la consommation allait donc augmenter. Cette décision a provoqué une série de manifestations violentes, parfois accompagnées de pillages. Une telle réaction n’est hélas pas surprenante.
Chronique positive ce matin. Je souhaitais vous évoquer une expérience assez exceptionnelle menée à Harvard, dirigée encore actuellement par Robert Waldinger. Cette expérience a duré plus de 75 ans, démarrant en 1938 sur 724 personnes qui ont participé depuis leur adolescence jusqu’à leur mort. Elles venaient des quartiers pauvres de Boston ou étaient des étudiants bien plus aisés à Harvard. Parmi elles, le président Kennedy. Certains ont grimpé l’échelle sociale, d’autres l’ont descendue. Mais quelles que soient leurs conditions de vie, ceux qui ont été heureux ne l’ont pas été parce qu’ils étaient riches ou célèbres, c’est-à-dire ce que l’on veut être pour, inconsciemment, ne pas devenir des "déchets" aux yeux des autres.
Chers amis, Se risquer. Écouter. Être vrillée au-dedans, entamée. Ne pas chercher à se protéger mais être dépouillée par ces récits pleins de chagrin inextinguible, de questions abyssales et d’exigences impératives. Il y a quelques jours je recevais la délégation, venue du grand nord canadien, de la communauté inuite. Celle-là même qui a fait face au pape François cet été et lui a exprimé son immense douleur et sa colère devant les crimes qu’elle a subis, crimes commis pour nombre d’entre eux par des religieux, dont des Français dans des écoles voulues par l’État canadien et qui osaient se nommer "résidentielles"...
"Qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire ?" La voix traînante, démarche lascive dans l’eau, longeant la plage, Anna Karina, éternelle adolescente, porte sa vie comme une dépouille. "Pierrot le fou" est le film d’une époque. Mais la question demeure, lancinante, chez tant de nos contemporains. Et, avouons-le sans fards, dans nos propres cœurs aussi ! À force de chercher à occuper nos cerveaux en permanence, l’absence de bruit, d’image, d’action devient souvent une source d’angoisse existentielle...
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