En conférence de presse mercredi 12 juin, Emmanuel Macron a appelé les “forces républicaines” à s’unir autour de sa majorité pour les élections législatives du 30 juin et 7 juillet. Face à une gauche unifiée sous la même bannière du Front populaire, et une droite en quête d’unité, le camp présidentiel insiste sur le “sursaut” du “champ républicain”.
Le choc de la dissolution passée, place désormais à la campagne des élections législatives. En conférence de presse mercredi 12 juin, Emmanuel Macron a déjà bien amorcé la campagne des futurs députés Renaissance. Vantant un projet du “moins pire”, le chef de l’Etat se sert de la gauche, comme de la droite, comme un repoussoir pour exister.
C’est inédit sous la Ve République : a démarré ce lundi 10 juin une campagne “contre les deux extrêmes”. Emmanuel Macron appelle désormais à un “rassemblement” des modérés, pour faire barrage à l’extrême droite, toujours plus forte dans les sondages, et à la gauche unie sous la bannière du “Front populaire”. “L’argument d’Emmanuel Macron est l’argument du réalisme”, analyse Luc Rouban, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique. “Il a beaucoup insisté lors de sa conférence de presse sur la logique économique de ses propositions”, avance le chercheur qui rappelle à quel point le chef de l’Etat a insisté sur “l’inanité économique des propositions de la radicalité de gauche, comme de droite”.
Avec de tels propos, Emmanuel Macron compte bien aller séduire l’électorat des classes moyennes et supérieures, concernées par les questions de fiscalité. “Elles pourraient faire les frais, soit d’une taxation de fiscalité très forte du côté de la gauche, soit d’une déconstruction de l’économie française qui souffrirait d’une forme de souverainisme ou de protectionnisme du côté du Rassemblement National”, résume le chercheur.
La stratégie de dédiabolisation, voire de normalisation du Rassemblement national semble avoir fonctionné. Si ses opposants assurent que le parti d’extrême droite est en dehors du “champ républicain”, le RN est, en revanche, plus jamais attaqué sur son histoire sulfureuse. “La page est tournée. Marine Le Pen l’a clairement fait entendre. Elle a aussi pris ses distances au niveau européen avec l’AFD Allemande qui avait des nostalgies nazies”, observe Luc Rouban. “Il y a eu un recentrage du parti et un effort de notabilisation et de respectabilité de ses élus à l’Assemblée nationale qui ont voulu se démarquer de ceux de LFI qui étaient tombés dans des outrances et des provocations systématiques”, résume le politologue.
Comme en 2017 puis en 2022, Emmanuel Macron joue sa campagne et son va-tout, non pas sur des attaques sur l'histoire du Rassemblement nationale, mais bien sur le fond des sujets. “C’est la connaissance des dossiers, la technicité des dossiers, leur complexité, le fait qu’il faille négocier au niveau de l’Union européenne, au niveau international avec de grandes puissances et qu’on ne peut pas se contenter de formules toutes faites. Il est effectivement là sur un terrain d’excellence”, assure Luc Rouban.
À l’autre bout de l’échiquier politique, la gauche unie sous la bannière du Front populaire ne semble pas vraiment être une véritable menace pour la majorité présidentielle. Si elle rappelle son unité et sa force de frappe pour se répartir les 577 candidatures aux circonscriptions, des différences d’idéologies profondes placent les cadres de gauche sur une ligne de crête. “Vous avez des gens totalement pro-européens, d’autres qui sont totalement euro-sceptiques. Vous avez des différences complètes sur l’appréciation de la laïcité, de la République ou du communautarisme”, rappelle le directeur de recherche.
Le Front populaire, un coup d’épée dans l’eau ? Pas forcément, selon Luc Rouban. “Ce sera peut-être valable en termes de campagne pour bloquer le RN. Après en termes de gouvernementalité ou de capacité d’action au niveau de l’Assemblée nationale, on peut être beaucoup plus sceptique”, conclut Luc Rouban. Des extrêmes - à droite comme à gauche - encore trop limitées pour s’emparer de Matignon ? La réponse dans les urnes le 7 juillet prochain.
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