"Chevalier du Christ", "époux de Dame Pauvreté", ”Autre Christ”, fondateur de l’ordre des frères mineurs, saint patron des écologistes et même, selon certaines légendes, créateur de la crèche de Noël… Les nombreuses dénominations de François d’Assise témoignent de la richesse de la vie de ce saint, figure cependant la plus emblématique de la pauvreté évangélique !
Quelle est son histoire ? Quel rôle a-t-il joué au sein du catholicisme et quel héritage a-t-il légué? Portrait d’un saint qui abandonna tout pour répondre à l’appel de Dieu, et que l'Église chrétienne célèbre le 4 octobre, dernier jour du Temps de la Création.
Fils d’un riche drapier originaire de la région d’Ombrie, au centre de l’Italie, François d’Assise, de son vrai nom Giovanni di Pietro Bernardone, tire son titre religieux du prénom - Francesco - que son père se plut à lui donner en hommage à la France, pays qu’il affectionnait - et du nom d’Assise, ville italienne qui le vit naître.
Aîné d’une famille de sept enfants, François se distingua dans sa jeunesse par son habileté pour la négociation, et était destiné par son père à le succéder dans son activité. Son métier l’amena à côtoyer la noblesse de sa commune, dont il adopta les idéaux courtois, et l'art de vivre raffiné, appréciant la chanson de geste des troubadours, et s’adonnant à la générosité fastueuse et à la joie.
Selon ses hagiographes, François nourrit l’ambition de devenir chevalier. Au sein d’Assise, il fit la guerre aux côtés des minores, la bourgeoisie ascendante, contre les maiores, la noblesse, qui avait le monopole des magistratures civiques, ce qui lui valut d'être emprisonné durant un an, en 1202. Malade durant sa captivité, il fut libéré à prix d’argent grâce à son père, et conserva une santé fragile durant toute sa vie.
Ce serait précisément la maladie de François qui aurait favorisé son passage progressif des valeurs chevaleresques à une vie fondée sur l’Évangile. Selon l’historien André Vauchez, son “retournement” se serait réalisé en plusieurs temps. Sa conversion intérieure passe par des moments de méditation dans la solitude d’une grotte et des actes d’aumône aux pauvres, entrecoupés de périodes de désarroi et de dépression.
Selon les hagiographies, en 1205, François, âgé vingt-trois ans, en prière devant le crucifix de la chapelle Saint-Damien, aurait entendu une voix lui demandant de "réparer son Église en ruine". Prenant ces mots au pied de la lettre, il aurait vendu des pièces de drap du commerce de son père afin de restaurer la vieille chapelle délabrée. Le père de François, furieux d’apprendre les dépenses de son fils, l’assigna en justice. À l'issue du procès, François rompit toute relation avec son père en lui laissant, symboliquement, ses habits et déclarant "Jusqu'ici je t'ai appelé père sur la terre ; désormais je peux dire : Notre Père qui êtes aux cieux, puisque c'est à Lui que j'ai confié mon trésor et donné ma foi. "
Après avoir rompu avec sa famille, François mena une vie d’ermite et de mendiant. Il trouva refuge comme serviteur chez les bénédictins de l'abbaye de San Verecondo au nord d'Assise, puis fut employé à la léproserie de San Lazzaro à Gubbio.
Dans son “Testament " François témoigne aussi de la rencontre avec les lépreux comme étant l'événement qui détermina son retournement : “Le Seigneur me donna ainsi à moi de commencer à faire pénitence : lorsque j’étais dans les péchés, il me semblait extrêmement amer de voir des lépreux. Et le Seigneur me conduisit parmi eux et je leur fis miséricorde […] et après cela, je ne restai que peu de temps et je sortis du monde. Et en allant de chez eux, ce qui semblait amer fut changé pour moi en douceur de l’âme et du corps.”
Revenant à Assise en 1206, il mendia pour obtenir de la population des pierres et restaura plusieurs chapelles parmi lesquelles Saint Damien, Saint Pierre, et La Portioncule.
Changeant son habit d'ermite pour une tunique simple, François décida d'"épouser Dame Pauvreté", et créa en 1209 l’Ordre des frères mineurs aussi connu sous le nom d’ordre franciscain, une confrérie mendiante fondée sur la pauvreté totale et la prédication qui rencontre rapidement un grand succès.
En 1212 il accueillit aussi Claire Offreduccio au sein de sa communauté et fonda avec elle l'Ordre des Pauvres Dames.
Durant une mission en Palestine, François laissa la communauté des frères franciscains entre les mains de vicaires généraux qui modifièrent l’organisation de l’ordre, en imposant notamment un noviciat d'un an, une profession de vœux formelle et un contrôle de la prédication. À son retour en 1220, saint François s'opposa à ces changements. Contraint de donner une constitution formelle à l'ordre, il rédigea la Regula Prima, une règle basée sur le respect total des enseignements de Jésus-Christ. En 1220, à la suite de tensions au sein de la communauté des frères mineurs, certains membres jugeant la pauvreté évangélique trop stricte, François d’assise quitta la tête de l’ordre.
En août 1224, François se retira au monastère de l'Alverne. Le 17 septembre, trois jours après la fête de la Croix glorieuse, il aurait reçu les stigmates, faisant de lui le premier saint de l’histoire à recevoir les stigma
François meurt en 1226 dans la chapelle de la Portioncule, non loin d’Assise et laisse derrière lui un Testament où il professe son attachement à la pauvreté évangélique. Surnommé "l’Alter Christus", il sera canonisé en 1228, par le pape Grégoire IX, soit deux ans après sa mort.
Modèle de simplicité évangélique, véritable amoureux du vivant, François d’Assise a diffusé un message de fraternité et d’humilité au sein de l’Église Catholique. Sa "règle" de dépouillement constitue l’un des piliers majeurs du catholicisme. Grand admirateur de ce saint, le pape François, de son vrai nom Jorge Mario Bergoglio, a choisi son nom religieux afin de lui rendre hommage. Le Saint Père a placé son pontificat sous l’égide de cet apôtre de la pauvreté.
Éprouvant un véritable amour pour les hommes, François d’Assise n’en était pas moins émerveillé par le monde animal, comme le monde végétal, qu’il considérait comme des êtres de création divine. En 1926, il écrivit le Cantique des créatures, véritable célébration de Dieu et de sa Création. Une démarche qui lui valut d’être nommé "patron céleste des écologistes" en 1979, par Jean-Paul II. Le cantique de François trouva un écho particulier dans la lettre du Laudato’Si publiée par le pape François en 2015, un encyclique présentant l’écologie intégrale comme "l’un des défis majeurs l’humanité". Le pape François y qualifie saint François d’Assise de "beau modèle capable de nous motiver." Célébrée le 4 octobre, jour de sa mort, la Saint-François d'Assise clôt le temps de la Création, période durant laquelle les chrétiens sont appelés à repenser leur engagement écologique.
En septembre 1219, en pleine cinquième croisade, François rencontra le sultan Malik El-Kamil à Damiette, en Égypte. Désirant sortir du camp chrétien pour rencontrer l’ennemi apocalyptique de l'époque, non avec les armes mais avec le cœur, il tenta, en vain de convertir l’émir.
800 ans plus tard, cette rencontre fait de lui un exemple à suivre pour l’Eglise catholique en matière d’échange interreligieux. Le pape François cite régulièrement Saint François lors de ses visites dans des pays musulmans.
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