Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
Les journées de Jésus sont fructueuses. C'est ce que rapporte Marc dans l'Évangile de ce dimanche. Il nous le décrit un jour de chabbat à Capharnaüm, où, après avoir enseigné à la synagogue, il vient au chevet de la belle-mère de Pierre, guérit une foule de gens mal en point et dort quelques heures. Puis, après sa prière matinale, il s'en va ailleurs, pressé d'annoncer la Bonne Nouvelle. Commentaires de Marie-Christine Bernard, théologienne spécialisée en anthropologie et comédienne.
Dans l’évangile de ce dimanche, nous sommes au tout début de la vie publique de Jésus. Il se rend à Capharnaüm, un jour de shabbat. Jésus s’inscrit dans la tradition juive de ses pairs, qui se rassemblent chaque semaine autour des Écritures. Ceux qui sont là n’en reviennent pas de la pertinence avec laquelle Jésus prend la parole. Mais plus encore, ils vont découvrir combien le Verbe qu’est Jésus devient acte au service de la vie, lorsqu’il rend à la liberté un homme littéralement possédé. Est-ce un exorcisme à la synagogue ? Commentaires de François Lestang, bibliste, prêtre de la communauté du Chemin Neuf.
Il n’y a pas grand-chose à voir entre le métier de charpentier et celui de marin, mais Jésus, l’artisan de Nazareth, aime la diversité et ne craint pas de brasser les origines. Alors qu’il démarre sa mission en Galilée, il appelle à lui des pécheurs en pleine action. Des hommes qui quittent sur le champ leur bateau pour suivre l’inconnu qui les a regardés depuis la rive du lac. C’est l’évangéliste Marc qui ce dimanche nous raconte la scène. Un récit précis et percutant que nous commente le bibliste Michel Quesnel.
Que cherchons-nous ? Cette question fondamentale, nous sommes nombreux à nous la poser, interrogation essentielle qui jaillit des profondeurs. Femmes et hommes en marche sur cette terre, nous avançons en quête d'un sens pour nous-mêmes, pour nos proches et pour le monde. Qu'est-ce que je cherche au cœur de mon quotidien tissé de travail, de rencontres, de petites joies et parfois de grandes peines ? Qu'est-ce qui me fait aller, continuer et espérer malgré tout ? Dans l'évangile de ce dimanche, c'est Jésus lui-même qui nous adresse cette question cruciale. Explications de Frère Franck Dubois, religieux dominicain.
L’Évangile de ce jour met en scène la première visite de Jésus à Jérusalem, lorsque, nourrisson, il est amené au sanctuaire dans les bras de ses parents pour effectuer les premiers rites religieux de sa vie. Raconté par Luc, cet épisode donne lieu à deux rencontres émouvantes : celle du vieillard Syméon, qui attend depuis si longtemps le Messie, mais aussi celle d’Anne, la prophétesse qui s’émerveille devant l’enfant. À travers cette scène, dont le théâtre est le temple de la ville, Luc semble vouloir illustrer la façon dont l’Ancien Testament accueille le Nouveau, avec joie et gratitude. Commentaires du Père Sébastien Antoni, prêtre assomptionniste.
Un ange avec ses ailes déployées qui vient rendre visite à la jeune Marie dans sa maison : nombreux sont les artistes qui ont représenté avec force détails l’évangile que nous lisons ce dimanche. Pourtant l'évangéliste Luc ne donne aucune information superflue sur cet épisode dit de "l’Annonciation", qui figure au premier chapitre de son récit. L’essentiel pourrait se résumer en quelques mots : ouverture à l’autre, écoute d’une parole inouïe, élan d’une réponse qui va entraîner l’humanité dans un acquiescement, dans la spirale d’un "oui" qui croit que rien n’est impossible. Explications d'Anne Lécu, religieuse dominicaine, auteure de nombreux ouvrages dont "À Marie" (éd. Cerf, 2020).
Il faut imaginer la scène : le Jourdain verdoyant, des hommes et des femmes qui s’y plongent en reconnaissant leur pauvreté. Ils sont là parce que la prédication d’un homme les a retournés. Un prophète sorti du désert capable de réveiller un mort par sa parole tranchante ! Cet homme, c’est Jean-Baptiste. Un personnage éminent du Nouveau Testament. En ce troisième dimanche de l'Avent, il est sommé de répondre à un interrogatoire en règle mené par les autorités religieuses de Jérusalem. Explications du Père Jean-Pierre Lémonon, prêtre du diocèse de Valence, bibliste et historien.
Dans l'évangile du deuxième dimanche de l'Avent, Jean Baptiste a le verbe haut et la démarche assurée de celui qui avance sans peur. C'est un homme fort mais qui se considère comme le plus petit d’entre nous. À la suite des grands prophètes du Premier Testament, il n’a que Dieu pour unique passion. Souvent comparé à Élie, Jean Baptiste est le premier à rentrer en scène dans l’évangile de Marc. L'homme, vêtu d’une simple peau de mouton n’apparaît que pour conduire vers Jésus et ne lui volera pas la vedette. Explications de Michel Quesnel, prêtre oratorien, bibliste et théologien.
Si Dieu existe, nous aimerions tellement qu'il se manifeste une bonne fois pour toutes de façon limpide, à la face du monde. Mais le Dieu des chrétiens ne choisit pas le coup d'éclat. Jésus naît dans une étable, meurt sur une croix et une fois ressuscité, il s'absente. Désormais on attend son retour en continuant à rêver cette venue grandiose. Pourtant, Jésus avait averti lui-même ses disciples, en leur disant de se méfier de ce qui sonne faux et des images trompeuses. Dans l'Évangile de ce dimanche, il est justement question du passage de Dieu dans nos vies, mais d'une visite si ténue, si discrète, que pourrions bien la rater. C'est pourquoi il nous faut devenir veilleurs. Commentaires de la bibliste Régine Maire.
"Si quelqu'un dit : J'aime Dieu, et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas ?" (1 Jn 4, 20) Ce passage de la première lettre de Jean résume bien le cœur de l’Évangile qui nous est proposé ce dimanche. Matthieu fait dire à Jésus des paroles décisives pour nous faire comprendre que toute personne rencontrée parmi les plus fragiles d’entre nous est le visage même de Dieu. Encore faut-il y croire, car si nous en restons à nos croyances religieuses, à ce que nous imaginons être la vie chrétienne, nous risquons alors de passer à côté du Royaume et, pire encore, de vivre une existence infernale. Explications du dominicain Frère Alain Durand.
Dans le récit poétique du livre de la Genèse, Dieu crée le monde, il s'en réjouit et offre à l’homme la possibilité de s’associer à son œuvre. Puis, il se retire. Ce récit originel a peut-être inspiré l’évangéliste Matthieu, qui, dans une parabole, met en scène la jubilation que l'on peut avoir quand on est humain à devenir co-créateur... Encore faut il y croire ! Ce récit originel, la célèbre parabole des talents, a pu, dans une interprétation traditionnelle, effrayer pas mal de croyants en donnant l'image d'un Dieu pervers. Commentaires de Jean-François Noël, prêtre et psychanalyste.
L’image de la lampe est souvent utilisée pour parler de la vie spirituelle. Une lampe allumée qui éclaire et réchauffe. Une lampe qui brille dans la nuit. Jésus utilise cette métaphore en racontant une parabole où entrent en scène dix jeunes filles impatientes de rencontrer leur époux. Seulement voilà, elles n’ont pas la même façon de vivre le temps. Cinq d’entre elles brûlent de désir mais négligent leur endurance. Les cinq autres sont plus sages et vont pouvoir s’appuyer sur leur maturité. Commentaires du Père Sébastien Antoni, prêtre assomptionniste.
Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus dénonce l’hypocrisie de ceux qui misent sur leur apparence mais dont les actes ne sont pas cohérents avec ce qu’ils disent. Explications de Jean Massonnet, prêtre du diocèse de Lyon, bibliste.
"Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur." (1 Jn 4, 20) Cet extrait de la Première lettre de Jean résume bien le passage de l’Évangile de ce dimanche. Un spécialiste en Écritures saintes vient demander à Jésus quel est le plus grand des commandements. Jésus lui explique alors que l’amour de Dieu et l’amour du prochain sont indissociables. Et qu'en vivant ce double engagement il s'inscrit dans la continuité de la loi qu'il désire honorer. Explications du Père François Lestang, prêtre de la communauté du Chemin neuf, bibliste, enseignant à l'université catholique de Lyon.
Rendre à César ce qui est à César, l’expression est bien connue. Elle est même souvent utilisée dans les débats politiques. Ce que l’on sait moins c’est que cette locution est la traduction d’un passage du Nouveau Testament dans lequel Jésus doit faire face à des religieux venus le piéger. Une histoire de sous qui se retournera contre ceux qui sont prêts à tout pour épingler celui en qui ils voient un adversaire. Commentaires de James Woody, pasteur de l'Église protestante unie de France à Montpellier.
Alors que la vigne devrait être symbole de fête, de partage des fruits et de joie commune, la vendange dont parle Jésus dans l'évangile de ce dimanche est mêlée d’amertume, de coups et de sang. Jésus est monté à Jérusalem pour donner sa vie jusqu’au bout, il n’a plus rien à perdre. Et il veut croire qu’il est encore temps de transformer le cœur des religieux qui s’opposent à lui. Par le biais d'une histoire, par l'image et le symbole, il souhaite bousculer leurs croyances de sachants arc-boutés sur leur vision d'un monde rétréci. Explications de la théologienne et anthropologue Marie-Laure Durand.
Comment désamorcer la mauvaise foi et réchauffer les cœurs endurcis ? Une fois encore, Jésus va user de son talent de conteur pour affronter les religieux qui tentent de le piéger. Dans l’Évangile de ce dimanche, il affirme à ses détracteurs qu’une femme de mauvaise vie qui croit sur parole est plus avancée dans le Royaume que ceux qui détiennent les clés du temple. Une parole vraie pour tenter de révéler en l’homme tout ce qui sonne creux, pour dénoncer les faux engagements et les pratiques religieuses hypocrites. Explications de Jean-François Noël, prêtre et psychanalyste.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !