Ce sont les arts plastiques dans la principauté de Liège et les pays voisins, qui sont évoqués dans l'émission "D'art et d'histoire de Liège". L'historien de l'art Pierre-Yves Kairis passe en revue, avec ou sans invités, des oeuvres d'art ou des artistes, souvent peu connus, du passé principautaire.
L'histoire de l'art étant toujours en marche, l'accent est mis sur les apports récents à la connaissance du passé artistique de la région liégeoise au Moyen Age et aux Temps modernes, avec quelques réflexions méthodologiques.
La sculpture, l'orfèvrerie, les décors, le vitrail, le mobilier, l'enluminure, la peinture murale, la gravure et surtout la peinture seront abordés chaque semaine dans des séquences d'une demi-heure diffusées le jeudi de 16h à 16h30 sur RCF Liège.
S’il remonte à l’Antiquité et s’il fut utilisé sporadiquement jusqu’à la Renaissance, le stuc s’est surtout épanoui dans nos régions à partir de la seconde moitié du XVII e siècle, époque dominée par le mystérieux Jan Christiaen Hansche. Mais son efflorescence tous azimuts date essentiellement du siècle suivant, période dominée par les nombreux artistes issus de Lombardie et du Tessin. Le sujet est évoqué avec le meilleur spécialiste des décors stuqués en Belgique, M. Fabrice Giot, conservateur-directeur de l'Hôtel de Groesbeeck-de Croix, Musée des Arts décoratifs de Namur.
Plusieurs grands peintres liégeois se sont expatriés au XVII e siècle. Gérard de Lairesse, installé à Amsterdam, est sans doute le plus connu d’entre eux, mais nous avons vu également le cas de Gilles Hallet, ce cousin de Walthère Damery qui est allé poursuivre sa formation à Rome et n’en est jamais revenu. Un troisième peintre liégeois de premier plan, Louis Counet (1652-1721), a quitté Liège pour s’installer à Trèves, ce qui ne l’empêcha pas de livrer divers tableaux à sa ville natale, principalement dans le cadre de la reconstruction de l’hôtel de ville. C’était un peintre en vue à Liège, mais il y est pourtant très peu connu.
L’entretien sur Lambert Lombard, grand maître liégeois de la Renaissance, se poursuit cette semaine avec Mmes Dominique Allart, professeur d’histoire de l’art des Temps modernes à l’Université de Liège, et Cécile Oger, conservatrice à la Bibliothèque générale de cette université. Ce sont les (rares) peintures attribuables à ce maître et surtout ses innombrables dessins qui sont évoqués dans cette séquence.
Mme Dominique Allart, professeur d’histoire de l’art des Temps modernes à l’Université de Liège, et Mme Cécile Oger, conservatrice à la Bibliothèque générale de cette université, nous font mieux connaître cette figure majeure des arts liégeois que fut Lambert Lombard (1505/06-1566), l’un des premiers romanistes de nos régions, c’est-à-dire l’un de ces artistes qui se sont détournés de la tradition gothique pour regarder vers l’art de l’Antiquité et de l’Italie de la Renaissance.
Dans une émission précédente, j’ai évoqué la figure d’un grand artiste anversois ayant séjourné durant quelques mois au pays de Liège au XVIIe siècle : le peintre Érasme Quellin, disciple de Rubens qui a laissé deux belles peintures dans des églises de Liège. Aujourd’hui, je voudrais retracer le bref parcours principautaire d’une autre grande figure de la peinture anversoise de cette époque, le paysagiste Gilles Neyts, qui réalisa de multiples dessins dans les régions de Dinant et de Huy.
Au siècle dit des Lumières, c’est surtout dans le domaine des arts décoratifs que les artistes et artisans du pays de Liège ont excellé. Les menuisiers et sculpteurs liégeois ont acquis une renommée internationale que nous évoquons avec le meilleur spécialiste du sujet, M. Pierre Bernard, attaché à la Direction du Patrimoine culturel de la Région de Bruxelles-Capitale, dont l’Institut archéologique liégeois a édité en 2000 un gros volume d’étude technique et stylistique sur le mobilier liégeois du XVIIIe siècle.
Dans les ouvrages sur la peinture liégeoise ancienne, Gilles Hallet (1635-1694) est traditionnellement rangé au nombre des meilleurs peintres du XVIIe siècle au pays de Liège. Ce qui ne manque pas de surprendre quand on constate que celui-ci a fait toute sa carrière … à Rome. Après Gérard de Lairesse et Louis Counet, il se révèle sans doute le plus célèbre des peintres liégeois du XVIIe siècle qui se soient expatriés. Examinons donc la carrière romaine de cet artiste d’origine principautaire peu connu.
Le 1er juillet 2018, la grande toile qui ornait le maître-autel de l’église paroissiale Sainte-Catherine, rue Neuvice à Liège, s’est effondrée sous son propre poids. Cet accident s’est en quelque sorte avéré providentiel, car il a permis une restauration que personne n’osait espérer auparavant, étant donné la taille et l’encrassement du tableau, le plus grand qui ait jamais été peint à Liège sous l’Ancien Régime. Voyons la genèse de ce tableau, son sujet et faisons connaissance avec son auteur, Théodore-Edmond Plumier (1671-1733), ultime surgeon de la grande école liégeoise du XVIIe siècle.
Sous l’Ancien Régime, les communautés religieuses comptaient souvent en leur sein des artistes leur permettant de disposer de main-d’œuvre à bon compte. Dans les Pays-Bas espagnols et la principauté de Liège, l’un des principaux peintres jésuites à l’époque de la Contre-Réforme fut le Dinantais Jacques Nicolaï (1604/07-1678), qui a travaillé au gré des dix collèges auxquels il fut successivement affecté. Longtemps, on n’a connu de lui que les tableaux réalisés pour le collège des jésuites de Namur, sa dernière affectation, mais des recherches récentes ont permis de mieux cerner le reste de sa production.
L’entretien sur l’orfèvrerie liégeoise se poursuit avec Pierre Colman, professeur émérite d’histoire de l’art des Temps modernes à l’Université de Liège, et Luc Engen, ancien conservateur du Musée Curtius et directeur honoraire du Musée communal de Huy. Seront notamment évoquées le rôle de la corporation ainsi que l’évolution des styles.
C’est avec deux grands spécialistes de la question qu’est abordée l’orfèvrerie liégeoise : Pierre Colman, professeur émérite d’histoire de l’art des Temps modernes à l’Université de Liège, et Luc Engen, ancien conservateur du Musée Curtius et directeur honoraire du Musée communal de Huy. Ces deux membres fondateurs de l’Académie d’histoire de l’orfèvrerie en Belgique expliqueront comment ils en sont venus à s’intéresser à l’orfèvrerie, dans la foulée des travaux de Joseph Brassinne. Le sujet en valait la peine, Liège s’étant avérée un foyer provincial de haut niveau dans le domaine de l’orfèvrerie, en particulier au XVIIIe siècle.
Ce chef-d’œuvre du patrimoine artistique du XVIe siècle conserve bien des mystères, tant sur ses auteurs que sur son lieu de réalisation, sa date ou ses commanditaires. La séquence fait le point sur les dernières découvertes et hypothèses relatives à ces questions et sur les apports de la récente restauration approfondie effectuée à l’Institut royal du Patrimoine artistique à
Bruxelles.
Joseph Dreppe a eu un rôle artistique important à Liège dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, quoi que son nom ait été largement oublié jusqu’au milieu du XXe. Il servit différents régimes. Ainsi, il participa à la création de la Société d’Émulation parrainée par le prince-évêque Velbrück. Le successeur de celui-ci, le conservateur Hoensbroeck, le nomma, en remplacement de Defrance, directeur de l’Académie de peinture.
Quelques années plus tard, Dreppe se mit tôt au service de la Révolution et participa, dans ce contexte, aux spoliations du patrimoine religieux local. Rares sont ses peintures connues, mais ses dessins témoignent d’un remarquable tempérament dit pré-romantique. On évoque cette figure en compagnie de Régine Rémon, ancienne conservatrice du Musée des Beaux-Arts de Liège et jadis commissaire d’une exposition qui fut consacrée à Dreppe pour commémorer le bicentenaire de son décès, en 2010.
Le Couronnement de la Vierge de l’église de Dieupart à Aywaille (vers 1663)
Ce second tableau peint par le jeune Lairesse pour le maître de forges aqualien Godefroid de Sélys était totalement inconnu jusqu’à sa découverte à la fin des années 1980. Les circonstances de cette découverte seront évoquées, de même que la dramatique genèse de la réalisation de cette peinture exceptionnelle.
À peine âgé de 22 ans, Gérard de Lairesse a réalisé un saisissant tableau évoquant les feux infernaux à destination d’une cheminée de la maison liégeoise de Godefroid de Sélys, ancien bourgmestre de Liège et maître de forges à Aywaille.
Ce tableau fut longtemps considéré comme le chef-d’œuvre absolu de l’école liégeoise du XVIIe siècle, ce qui explique son histoire mouvementée.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les princes-évêques étaient souvent d’origine étrangère et ne séjournaient que très ponctuellement à Liège. Les inventaires de leurs différents châteaux fournissent bien des informations utiles sur leurs collections de tapisseries, en particulier celle de Joseph-Clément de Bavière, qui travailla avec la manufacture bruxelloise de Joseph Le Clerc et avec le successeur de celui-ci, Jean-Baptiste Vermillion.
Ce dernier tenta d’obtenir du successeur de Joseph-Clément, Georges-Louis de Berghes, l’autorisation d’établir une manufacture de tapisseries en principauté de Liège. Les collections de tapisseries des princes-évêques postérieurs à Érard de La Marck ne sont guère connues que par d’anciens inventaire, mais une tenture ayant appartenu à Velbrück vient d’être identifiée par l’invitée du jour, Anne-Sophie Laruelle.
Lorsqu’on pense aux princes-évêques collectionneurs au XVIe siècle, c’est le nom d’Érard de La Marck, grand prince de la Renaissance, qui vient immédiatement à l’esprit. Celui dont le règne fut souvent qualifié de réparateur fut un grand collectionneur et mécène. Sur la foi des inventaires et des rares pièces conservées, on estime qu’il possédait au moins deux cent cinquante tapisseries. Les informations sont plus rares pour les princes postérieurs. C’est Anne-Sophie Laruelle, chargée de recherche du FRS-FNRS et spécialiste des tapisseries de la Renaissance, qui nous en parle.
Curieusement, malgré quelques prestigieuses exceptions comme le plafond de la salle verte du palais des princes-évêques, les décors peints à la chinoise ne se répandirent dans les châteaux et hôtels de maîtres du pays de Liège qu’à partir des années 1760, soit à un moment où la France commençait à s’en lasser. Les grandes toiles avec des motifs chinois, souvent dérivés de gravures françaises, évoquent un univers onirique de fantaisie sans le moindre rapport avec les relations des voyageurs de Chine et sans lien avec les véritables modèles chinois.
Érasme Quellin fut l’un des principaux élèves de Rubens, auquel il succéda d’ailleurs comme peintre officiel de la Ville d’Anvers. C’est dans le contexte du jubilé de la Fête-Dieu de 1646 qu’il peignit une Dispute du saint sacrement pour l’église liégeoise des chanoines augustins, sur Avroy. Ce tableau fut financé par le riche marchand Walthère de Liverlo, qui fit travailler plusieurs peintres anversois en cette période où la peinture liégeoise semble avoir manqué de souffle. Quellin profita de son séjour à Liège pour réaliser également un grand tableau d’autel pour le curé de l’église Sainte-Véronique, Gilles Masuyr, qui lui offrait le gîte.
Si Léonard Defrance bénéficie d’une notoriété artistique, c’est essentiellement en raison de ses petites scènes de genre inspirées de modèles hollandais du XVIIe siècle. Toutefois, dans les dix premières années de sa carrière à Liège, il travaillait dans un style large, très différent. Les tableaux de cette période sont généralement méprisés par les historiens de l’art, dans la foulée du mépris que Léonard Defrance leur a voué à la fin de son existence. Pourtant, replacés dans le contexte artistique liégeois du temps, la trentaine de tableaux conservés de cette période entre 1763 et 1773 attestent une grande originalité dans le traitement de la lumière et méritent d’être reconsidérés.
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